Page:Barchou de Penhoën - Histoire de la conquête de l’Inde par l’Angleterre, tome 6.djvu/443

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peut-être rendue impossible. Les Birmans, dans tous les sacrifices auxquels ils se résignaient, avaient principalement pour but la conservation de cette ville. À l’approche des Anglais, l’empereur et la cour auraient été chercher un refuge dans quelque province éloignée. Le gouvernement britannique se serait dès lors trouvé réduit au stérile honneur d’avoir conquis un pays impossible à garder, dont la nécessité de se retirer promptement n’eût pas manqué de se faire bientôt sentir. Dans ce cas, non seulement toutes les dépenses de la guerre eussent porté sur le gouvernement anglais, mais aucun des avantages assurés par le traité précédent ne lui eût été acquis. Ava ne pouvait présenter aucune résistance ; elle aurait sans doute fourni aux vainqueurs un butin considérable ; d’ailleurs cet avantage se serait trouvé plus que compensé par de grands inconvénients politiques ; elle eût entraîné, suivant toutes probabilités, le sacrifice de tous les objets pour lesquels le gouvernement britannique avait lutté si long-temps. Le souverain et ses ministres ayant évacué la capitale, personne ne se serait trouvé avec qui conclure un traité ; l’armée y aurait été au milieu d’une solitude complète. Le gouvernement birman, comme il a été facile de le voir par tout ce récit, possédait éminemment l’art de faire évacuer les villes qu’il laissait à l’ennemi ; il savait en arracher jusqu’au dernier habitant. L’armée n’aurait pu songer à demeurer à Ava pendant la saison pluvieuse ; sans courir le risque de se voir couper