Page:Barchou de Penhoën - Histoire de la conquête de l’Inde par l’Angleterre, tome 6.djvu/444

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les vivres. À la distance de six cents milles de Rangoon, où se trouvaient ses dépôts, elle n’aurait pu s’assurer un service régulier d’approvisionnement ; les bateaux qui eussent remonté la rivière ne pouvaient manquer d’être attaqués et enlevés par des partis ennemis. Il eût fallu, pour les en préserver, les faire accompagner par des détachements, ce que le petit nombre de troupes anglaises rendait inexécutable : l’effectif de la petite armée anglaise, à Yandaboo, montait à peine à 4 ou 5,000 hommes.

La guerre qui venait de se terminer avait d’abord placé le gouverneur dans une position difficile : lord Amherst venait d’arriver dans l’Inde ; il ne s’était jamais occupé des affaires de ce pays ; de plus il avait été appelé pour ainsi dire à l’improviste à ces hautes fonctions. C’était une résolution périlleuse que d’entreprendre une guerre importante dans cette situation. Le gouvernement de Calcutta ne possédait lui-même que de fausses ou incomplètes notions sur l’empire des Birmans ; leurs forces militaires, leurs ressources, leurs manières de faire la guerre, la population des provinces, rien de tout cela n’était connu avec quelque exactitude. Cependant, comme la guerre devenait inévitable sous peine de voir l’influence anglaise s’annuler, lord Amherst s’y décida. Le mauvais succès des premières campagnes indisposa d’abord contre lui l’opinion publique ; mais le moment arriva où cette même opinion lui rendit enfin pleine justice. On lui sut gré de la fermeté de caractère, de l’énergie