Page:Barckhausen - Montesquieu, l’Esprit des lois et les archives de La Brède, 1904.djvu/23

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le chemin d’un moulin. Des points mis à la suite de chaque lettre l’avaient dérouté complètement. Ne seraient-ce pas les points, nous voulons dire les coupures abondantes et surabondantes de l’Esprit des Lois, qui ont empêché de savants critiques d’apercevoir le plan général du chef-d’œuvre ?

Mais, jusqu’à présent, nous n’en avons considéré que les vingt-cinq premiers livres. Sauf à revenir plus loin. sur les six derniers, nous dirons ici que, des six, il en est quatre que l’auteur donne lui-même, dans le titre des. éditions primitives, comme des appendices ne rentrant pas dans le corps de l’ouvrage[1]. Quant aux deux autres, le XXVIe et le XXIXe, ils ont un caractère technique en quelque sorte. Ils indiquent les règles que le législateur doit observer dans le choix des principes qu’il applique aux divers ordres de choses, et dans la mise en œuvre et en formules de ces mêmes principes. N’est-ce point la conclusion la plus logique et la plus naturelle d’une théorie générale des lois ?

Après avoir arrêté un programme pour l’ensemble, il fallut s’occuper de la disposition des parties.

On peut affirmer que Montesquieu ne prévit pas, au début, l’extension que prendrait l’Esprit des Lois. Nous trouvons quelques indications à ce sujet dans le manuscrit de La Brède. Les chemises qui enveloppaient autrefois les vingt-cinq premiers livres de l’ouvrage n’ont pas été toutes conservées. Mais celles qui subsistent portent généralement plusieurs numéros et même plusieurs titres qui leur ont été attribués successivement. Peut-être l’auteur se proposa-t-il d’abord de ne diviser son traité qu’en chapitres. En tout cas, le nombre des livres devait être

  1. Le titre de l’édition princeps porte : « De l’Esprit des Loix…, à quoi l’Auteur a ajouté des Recherches nouvelles sur les Loix romaines touchant les Successions, sur les Loix françoises et sur les Loix féodales. ».