Page:Barckhausen - Montesquieu, l’Esprit des lois et les archives de La Brède, 1904.djvu/34

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Dans le livre XI, au chapitre xi, Montesquieu avait désigné sous le titre d'Æsymnètes les rois des temps héroïques chez les Grecs. Il se rendit compte de l’impropriété du terme et le remplaça, Nous croyons qu’il renonça volontiers à l’emploi d’un mot d’aspect pédantesque.

Nous empruntons au livre Ier deux exemples de corrections faites déjà dans la rédaction du manuscrit, pour des motifs d’ordre philosophique.

Le onzième alinéa du chapitre n’était pas conçu primitivement comme il l’est aujourd’hui : « La Loi, en général, est la Raison humaine en tant qu’elle gouverne tous les peuples de la Terre, et les lois politiques et civiles de chaque nation ne doivent être que les cas particuliers où s’applique cette Raison humaine. » L’auteur avait mis d’abord[1] ; « * La Raison humaine donne des lois politiques et civiles à tous les peuples de la Terre, et les lois de chaque nation n’en doivent être que les cas particuliers. * » Cette formule, plus ou moins logique, semblait attribuer à la Raison la paternité effective de toutes les lois positives et fut rectifiée justement.

Encore plus contestable était le début des explications biffées qu’on trouve dans le manuscrit de La Brède, au chapitre ii du même livre, sur l’état de paix des sociétés primitives. Voici quelle en était la teneur : « * Les animaux (et c’est surtout chez eux qu’il faut aller chercher le Droit naturel) ne font pas la guerre à ceux de leur espèce, parce que, se sentant égaux, ils n’ont point le désir de s’attaquer.* » Peut-être est-il permis de dire que le Droit naturel préside à la vie animale de l’Homme. Mais prétendre qu’il faut le chercher dans les animaux, c’est aller bien loin ! Nous approuvons donc le retranchement d’une théorie bien singulière. A peine en est-il resté quelques traces

  1. Nous imprimerons entre deux astérisques les passages biffés dans le manuscrit de La Brède.