Page:Barckhausen - Montesquieu, l’Esprit des lois et les archives de La Brède, 1904.djvu/33

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additions ou suppressions notables de faits ou de pensées. Ces changements portent tantôt sur le style et tantôt intéressent quelque peu le sens. Les derniers s’expliquent par la poursuite d’une exactitude plus grande ou par des motifs de prudence, qui ont fait préférer une formule nouvelle à une formule antérieure et moins heureuse. Une autre espèce de modifications résulte des déplacements de morceaux plus ou moins étendus. Ils sont très nombreux. Quelquefois, l’auteur a transféré, dans le même livre ou d’un livre à un autre, un alinéa pour en faire un chapitre, ou bien un chapitre pour le réduire à la condition d’alinéa.

Nous pouvons ranger aussi parmi les corrections les cas de division d’un chapitre en plusieurs. A la fin da livre XI, on trouve un curieux exemple du goût qu’avait Montesquieu pour les opérations de ce genre. Les six on sept chapitres sur la séparation des pouvoirs à Rome n’en formaient primitivement qu’un seul.

Pour en revenir aux corrections proprement dites, celles qui sont purement de style trahissent le soin minutieux d’un auteur qui possède tous les secrets du métier, mais qui subordonne toujours la forme au fond. Si nous devions y relever une préoccupation spéciale, ce serait celle d’atténuer les termes trop forts et aussi « ces traits saillants » dont il est dit quelque chose en tête de l’Esprit des Lois[1]. Montesquieu parait s’être défié lui-même de la disposition qu’il avait à se servir d’expressions absolues et hyperboliques, sous l’influence de sa verve d’écrivain, de sa passion pour les idées générales, et peut-être de son origine gasconne.

Mais passons aux changements qu’expliquent l’amour de l’exactitude, et aussi quelquefois la simple prudence.

  1. Préface : « On ne trouvera point ici ces traits saillants qui semblent caractériser les ouvrages d’aujourd’hui. »