Page:Barckhausen - Montesquieu, l’Esprit des lois et les archives de La Brède, 1904.djvu/42

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suivant ; lorsqu’il ôte les fonctions naturelles des emplois pour les donner arbitrairement à d’autres ; lorsqu’il est trop jaloux de ses tribunaux et de ses grands, et pas assez de son Conseil ; en un mot, lorsqu’il est plus amoureux de ses fantaisies que de ses volontés[1]. »

Quelle irrévérence encore que de parler des ministres en ces termes ! « Il est vrai que les ministres, dans la monarchie, doivent avoir plus d’habileté. Aussi en ont-ils davantage. Ils y ont plus d’affaires ; ils y sont donc plus rompus. Il est vrai que, pour s’en débarrasser, ils veulent souvent renverser les lois. Ce gouvernement, en formant de pareils génies, est cet oiseau qui fournit la plume qui le tue[2]. »

Et les favorites auraient-elles toléré qu’on estimât déplorable leur influence sur les chefs d’Etat ? « Je dirai même qu’il est plus dangereux que les femmes ne veuillent gouverner, qu’il n’est à craindre qu’elles ne gouvernent. Le mal est lorsqu’elles emploient tous leurs artifices pour attirer à elles un pouvoir qu’elles ne doivent pas avoir ; lorsqu’elles donnent au Prince du dégoût pour le gouvernement ; lorsqu’elles le font languir dans la mollesse ; lorsqu’elles corrompent son cœur, affaiblissent son esprit, abattent son âme[3]. »

Avec des ménagements, on pouvait, à la rigueur, déconseiller l’emploi des commissions judiciaires. Mais il ne fallait pas s’attendre à ce qu’on permit de discuter l’institution des lettres de cachet, si précieuses au despotisme. De là, un remaniement complet du chapitre xxii au livre XII.

Il commençait, d’abord, par un alinéa qu’il fallut refondre plus tard : « Les deux choses du monde les plus

  1. Livre VIII, chap. vi. — Dans le texte imprimé, ce passage est très réduit.
  2. Livre III, chap. x. — Dans le texte imprimé, ce passage est anodin.
  3. Livre VII, chap. xvii.