Page:Barckhausen - Montesquieu, l’Esprit des lois et les archives de La Brède, 1904.djvu/59

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plusieurs Dieux, les autres d’être hérétiques, d’aimer les garçons, d’avoir débauché les religieuses, d’avoir excité des séditions, d’être du parti des verts, ou criminels de lèse-majesté, etc. Il créa un magistrat qui avoit la recherche des crimes contre nature et de ceux qui n’étoient pas dans des sentimens orthodoxes, et il l’appela inquisiteur. Ce magistrat confisquoit les biens au profit de l’Empereur. Il ne produisoit ni dénonciateur, ni témoin contre les accusés. Voilà l’image de l’Inquisition moderne.

Ce fut sur de pareils principes que l’Inquisition fut établie en Europe. On n’y nomma ni témoin, ni dénonciateur, et ce tribunal mêla les vues de la charité chrétienne avec une si étrange barbarie, dans la forme et dans le fond, qu’il étonna tout l’Univers.

Cette Inquisition d’Europe ressemble beaucoup à l’Inquisition du Japon contre les Chrétiens. On est sauvé au Japon en nommant un autre Chrétien. De même, dans l’Inquisition d’Europe, il faut nommer ceux avec qui on a péché ; ce qui sauve les premières fois.

Ce n’est point en vain que les Princes portent l’épée, et l’on sera étonné qu’ils ayent ainsi donné au Clergé la puissance du glaive.

Les Princes ont vu que les loix qui ne se contentent pas de punir les actions extérieures étoient des instrumens de grandes tyrannies, et, pour se garantir de la haine, ils l’ont portée sur le Clergé.