Page:Barckhausen - Montesquieu, l’Esprit des lois et les archives de La Brède, 1904.djvu/61

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lorsqu’elle a été ainsi établie dès le commencement, par la conquête : comme la confédération de l’Irlande et de l’Angleterre[1].

Lorsque l’union est démocratique, chaque état particulier peut la rompre, parce qu’il a toujours gardé son indépendance. C’est ainsi qu’étoit la société des Achéens. Quand l’union est aristocratique, la partie qui rompt l’union peut être accusée du crime d’infraction de l’union. On ne peut être recherché que pour avoir rompu l’union : ce qui est un crime contre le corps entier uni. C’est ainsi qu’étoit le corps de la Grèce sous Athènes et Lacédémone. Si l’union est monarchique, c’est un crime de lèse-majesté de rompre l’union. C’est ainsi qu’étoient les latins à l’égard des Romains. Ils étoient punis pour n’avoir pas conservé la majesté du Peuple romain ; ce qui étoit un crime commis contre le peuple dominant, non pas contre les peuples unis dans leurs associations les Romains étoient des monarques[2].

Si l’union est démocratique, comme chaque partie unie a conservé la souveraineté, il peut être fort bien établi que toutes les résolutions, pour être exécutées, soient unanimes, comme il est établi dans la république des Provinces-Unies. Mais, comme il ne suffit pas que les loix soient tirées de la nature de la constitution, mais qu’il faut encore que la constitution aille, et que l’on y puisse prendre des résolutions actives, cela ne peut avoir lieu que dans les cas où les membres unis sont en petit nombre. Aussi, dans la société des Achéens, où un très grand nombre de villes fut reçu, l’avis du plus grand nombre d’elles fut toujours suivi ; sans quoi, il auroit été impossible de prendre des résolutions.

Lorsqu’une union est aristocratique, tout est réglé par l’avis du plus grand nombre, dirigé par les chefs aristocratiques ; et, lorsqu’elle est monarchique, tout est réglé par l’avis du peuple dominant.

Ces constitutions fédératives[3] peuvent être formées : ou par

  1. En marge : « Mettre peut-être ce que j’ai dit sur l’Irlande. ».
  2. En marge : « Examiner ce qu’emportoit dans les cités grecques la promesse de colere majestatem Demetrii… »
  3. En marge : « Mis au l. 10, ch. 4 : Que la Constitution fédérative… » — Ce chapitre est devenu le chapitre ii du livre IX.