Page:Barckhausen - Montesquieu, l’Esprit des lois et les archives de La Brède, 1904.djvu/67

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de la colonie, dans la métropole, Car, comme il est rare que deux peuples soient attaqués du même mal à la fois, ce seront des esprits sains, employés à guérir des esprits malades ; ce seront des gens qui connoissent les loix du pays où ils vont, employés à les rétablir.

La loi sera très sage encore qui donnera aux deux peuples l’usage des mêmes temples, une communauté de sacrifices ; qui favorisera les unions par mariages, établira des loix de commerce. En effet, quand les tyrans veulent affoiblir deux nations à la fois, ils leur défendent entre elles ces mêmes choses[1].

Comme il arrive souvent que la colonie est dans un état plus heureux que la métropole, ou la métropole, que la colonie, il faut que des loix sages empêchent celle qui est dans une meilleure situation d’affoiblir l’autre.

Lorsque les Espagnols découvrirent les Indes, et que tout le monde y fut attiré par l’or et l’argent, si communs dans ces climats, on ne seroit point tombé dans les inconvéniens que l’on voit à présent, si on avoit fait une loi qu’un Espagnol ne pourroit, avec sa famille, aller s’établir aux Indes, qu’il n’eût renvoyé en Espagne une famille indienne, ou un Espagnol seul, qui n’eût renvoyé un Indien[2].

  1. En marge : « Comme firent les Romains à l’égard des parties du royaume de la Macédoine, qu’ils avoient divisées, — Tite-Live, I…… C’étoit (me semble) les anciennes alliances. — (Voir cela et les Marbres d’Arundel). »
  2. Au dos de ce chapitre est écrite une note qui le vise, lui et les trois chapitres précédents : « Ces quatre chapitres n’ont pu entrer dans le livre sur le Nombre des Habitans. On pourra les relire, quand on lira le second livre du Commerce. »