Page:Barckhausen - Montesquieu, l’Esprit des lois et les archives de La Brède, 1904.djvu/66

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· · · · · · · · · · Une partie de ceci[1] semble contradictoire à l’approbation que j’ai donnée au chapitre sur Alexandre. Cela n’est point : parce qu’Alexandre le (sic) pouvoit faire autrement, ayant conquis un pays immense tout à coup. Ce que je dis des colonies romaines a du rapport à ce que j’en dis au livre des Considérations[2]. Ce que je dis ici des colonies de proche en proche semble contredire ce que j’ai dit des colonies dans mon second livre du Commerce. Mais, ici, ce sont des colonies de conservation ; là, des colonies de commerce. Il faudra donc bien distinguer ces colonice diverses espèces.


VI. Des Principes des Loix dans le Rapport que la Colonie a avec la Métropole[3].

Les colonies doivent garder la forme du gouvernement de leur métropole ; ce qui fait une alliance et une amitié naturelle, souvent plus forte que celle qui est fondée sur les conventions. C’est ainsi que les diverses colonies de l’Amérique ont divers gouvernemens, conformément à celui des peuples qui les ont établies.

Elles doivent garder la religion, les mœurs et les manières de la métropole. Sans cela, l’amour mutuel se changeroit en haine, comme nous haïssons moins ceux qui n’ont jamais été avec nous, que ceux qui nous ont abandonnés.

Comme une république est souvent affligée de dissensions ou d’autres maux qui peuvent troubler sa constitution, la loi sera très sage[4] qui ordonnera qu’il soit nommé des hommes prudens de la métropole, pour aller corriger le mal dans la colonie, ou

  1. Ce dernier alinéa est d’une écriture différente de celle des précédents et n’a été ajouté qu’après coup.
  2. Montesquieu vise ici, le 19e alinéa du chapitre iv des Considérations sur la Grandeur des Romains.
  3. Ce titre est précédé de l’indication : « Chapitre [5, 8] 3, » — Une note épinglée en marge est ainsi conçue : « Conduite de la France à l’égard de Genève et de Corse. »
  4. En marge : « Cette loi est le Platon. »