Page:Barckhausen - Montesquieu, l’Esprit des lois et les archives de La Brède, 1904.djvu/83

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ou de ce que vous avez de trop. Quand vous aurez une fois ce qui vous suffit, que vous importe là où il peut être. Veillez, les nuits, sur le besoin du peuple, et, le jour, paroissez tranquille. Mettez-le en état de faire des réserves, et vous n’aurez pas besoin d’en faire pour lui. Que tous les greniers soient les greniers publics[1].

Continuation du même sujet.

Si la famine vient[2], c’est un mal terrible si votre peuple est pauvre : car, n’ayant de subsistance que jour par jour, le premier jour de la disette est le premier jour de famine. S’il est à son aise, la disette vient, et la famine n’est pas encore : vous avez des mois pour le secourir.

Si la famine vient, la suprême loi, c’est le salut du Peuple. Tous vos engagemens sont suspendus, parce que le salut du Peuple peut seul vous mettre en état de maintenir vos engagemens. Donnez, répandez, prodiguez. Ne croyez jamais perdre avec lui ; à moins que vous ne pensiez que Jupiter se plaint d’avoir perdu la pluie qu’il a versée sur nous du haut de l’Olympe.


VI. Des Armateurs[3] (Ier Chapitre.

La guerre se fait ou par des forces unies, ou par des forces dispersées[4]. Par la nature de la chose, il est plus aisé de faire la guerre de terre par des forces unies, et la guerre de mer par des

  1. Dans la première rédaction, à la suite de cette phrase, on lit : « Si vos traitans doivent faire des magasins pour vos troupes, ils vous trompent s’ils vous persuadent que vous devez faire des règlemens pour qu’ils ayent les denrées à meilleur marché. Pour un petit profil que vous ferez, on vous vole les richesses et les espérances de votre peuple. Ne croyez jamais de perdre avec lui… »
  2. Les développements sur la famine manquent dans la première rédaction.
  3. Ce chapitre semble avoir été écrit par un secrétaire très ignorant, sous la dictée de Montesquieu.
  4. En marge : « Voyez le traité de commerce à Utrecht, 1713, dans le British Merchant. »