de Miron de Priène[1], qu’entre les indignités que les Lacédémoniens faisoient aux Hélotes, ils condamnoient à l’amende les maîtres qui ne rendoient pas maigres les Hélotes qui étoient gras. Mais un Hélote bien gras n’étoit pas plus redoutable qu’un maigre.
Lorsqu’une loi paroît bizarre, et qu’on ne voit pas que le Légis- lateur ait eu intérêt à la faire telle (ce que l’on présume lorsque celte loi n’est fiscale, ni tyrannique), il est naturel de croire qu’elle est fondée sur quelque raison suffisante. La loi de Diophyte défendoit à un homme venu d’Athènes de coucher au port de (sic) Pirée ; celle de Gengis-Kan défendoit aux Mogols d’approcher des eaux pendant le tonnerre. L’une vouloit empêcher qu’un Athénien ne se rendit tyran d’Athènes[2] ; l’autre, que les Mogols, qui, dans un pays où le tonnerre est très fréquent, se mettoient d’abord dans l’eau, ne se noyassent[3].
Les loix qui permettent à chacun de tuer le criminel inspirent la terreur ; mais elles sont bien dangereuses. Telles étoient les loix sacrées chez les Romains. Elles dévouoient le criminel à quelque Dieu[5], et chacun pouvoit être l’exécuteur de la justice divine.
Les loix sacrées ne peuvent être tolérables que quand il s’agit du salut de l’Etat, qui est le premier objet de la providence des Dieux. Mais il faut qu’il s’en agisse directement ; non comme quand Sylla, César, Antoine, Auguste et Lépide appeloient le salut de l’Etat l’établissement de leur pouvoir ; mais comme quand Cicéron appeloit ainsi la fuite de Catilina et la punition de ses complices.
- ↑ En marge : « Cité par Athénée, liv. 14. » — Sur une note épinglée par dessus, on lit : « Voir la citation. »
- ↑ En marge : « Voyez Suidas, In Diophyto. »
- ↑ En marge : « Voyez Petit de La Croix, Vie de Gengiskan. »
- ↑ Ce titre est précédé de l’indication : Chapitre [12, 11e] 12. »
- ↑ En marge : « Voy. les Loix des XII Tab. et, dans Denys d’italie., la loi de Numa. »
