Page:Barine - Alfred de Musset, 1893.djvu/109

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avait eu les torts, et que sa maîtresse n’a pas voulu pardonner :

    Partez, partez, et dans ce cœur de glace
      Emportez l’orgueil satisfait.
    Je sens encor le mien jeune et vivace,
    Et bien des maux pourront y trouver place
      Sur le mal que vous m’avez fait.
    Partez, partez ! la Nature immortelle
      N’a pas tout voulu vous donner.
    Ah ! pauvre enfant, qui voulez être belle,
      Et ne savez pas pardonner !

On voudrait pouvoir retrancher l’épilogue de la Solitude, qui est gauche, froid, et n’explique rien.

La Nuit de décembre prendra une vie extraordinaire le jour où l’on pourra imprimer à la suite, en guise de commentaire, deux lettres de Musset reçues par George Sand l’hiver précédent ! L’une, sur une querelle injuste qu’il lui a faite, et sur sa terreur folle qu’elle refuse de pardonner. L’autre, écrite au crayon et dans un extrême désordre d’esprit, sur des visions, qu’il vient d’avoir, d’un monde fantastique où leurs deux spectres prenaient des formes étranges et avaient des conversations de rêve. Musset s’était souvenu tout le temps, en écrivant la Nuit de décembre. Ce qu’on a pris pour une pure fantaisie, dans cette pièce merveilleuse, repose sur un fond de réalité.

Les contemporains se sont accordés à reconnaître une nouvelle influence féminine dans la Lettre à Lamartine (1er mars 1836), malgré le début du fameux récit :

    Tel, lorsque abandonné d’une infidèle amante,
    Pour la première fois j’ai connu la douleur….