Page:Barneville - Le Rythme dans la poésie française, 1898.djvu/120

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Saint-Denis[1] prétend que, l’idiome chinois jouissant du double caractère d’être à la fois phonétique et idéographique, la poésie chinoise ne s’adresse pas seulement à l’oreille par les sons, mais encore aux yeux par les images. Et où ai-je lu (je crois bien que c’est dans Louis Racine) qu’au xviie siècle déjà l’Académie avait déclaré la poésie chinoise la première de toutes ? On sait d’autre part que de récentes études ont révélé que chez quelques personnes toute audition est colorée et

    Encore y aurait-il lieu de faire remarquer que le propre de la musique est de nous satisfaire sans rien exprimer complètement. Le mystère est son empire ; la poésie, elle, embrasse un domaine connexe à celui de la musique, mais beaucoup plus restreint ; aussi lui demandons-nous de plus précises satisfactions. Le vers, écrivait dernièrement M. Sully-Prudhomme, « a pour objet de faire bénéficier la parole de l’expression musicale dans toute la mesure compatible avec la claire intelligence du sens, et, réciproquement, de faire bénéficier l’expression musicale de la précision que lui communique le langage en spécifiant par leurs causes les émotions et les sentiments qu’il lui confie. (Qu’est-ce que la Poésie ? — Revue des Deux Mondes, du 1er octobre 1897.)

  1. Poésies de l’Époque des Thungs.