Page:Barneville - Le Rythme dans la poésie française, 1898.djvu/152

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poésie comme en musique, à produire de beaux rythmes que lorsque d’abord a chanté en nous le thème idéal que notre art veut revêtir. Sans doute, je le répète, il ne suffit pas d’avoir des idées, beaucoup d’idées même, pour être poète, mais encore faut-il pourtant avoir quelque chose à dire pour écrire un vers ou une note. Or, nul plus que Vigny n’attachât d’importance à la conception poétique, et c’est ainsi qu’en effet il. fut un exquis symboliste sans le savoir, ayant dû toujours chercher pour rendre ses riches conceptions les formules les plus adéquates de leur divine mysticité. Elle est toute représentative et suggestive, la poésie d’Alfred de Vigny, évocatrice de mille tableaux touchants ou sublimes, dédaignant d’ailleurs de trop délimiter les contours de son dessin, baignant au contraire dans une sorte de pénombre mystérieuse où vagabonde l’imagina-