Page:Barneville - Le Rythme dans la poésie française, 1898.djvu/155

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le dédain du métier : « Lorsqu’on fait des vers en regardant une pendule, on a honte du temps que l’on perd à chercher une rime qui ait la bonté de ne pas trop nuire à l’idée. » Et l’idée pour lui ne fut jamais que songe et illusion. Le monde réel lui échappait. Tout l’univers tenait en son cerveau. C’est là que naissaient ces déités complexes, aux formes transparentes, à travers lesquelles il regardait la vie : « Ma tête, pour retenir les idées positives, est forcée de les jeter dans le domaine de l’imagination. »

On voit ce que pût être le symbolisme pour une semblable nature, ne se plaisant que dans le subtil et le raffiné. Je. ne serais pas éloigné de croire qu’avec cette sorte de tempérament Vigny fût, comme on l’a dit, un esprit faux ; mais du moins comprit-il qu’il resterait inintelligible s’il ne figurait ses rêves