Page:Barneville - Le Rythme dans la poésie française, 1898.djvu/39

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Il varie d’ailleurs admirablement ses rythmes, passant du superbe au gracieux avec la plus surprenante souplesse :

L’Orne, come autrefois, nous reverrait encore
Ravis de ces pensers que le vulgaire ignore,
Égarer à l’écart nos pas et nos discours,
Et, couchés sur les fleurs come estoiles semées,
Perdre en si doux esbats les heures consumées,
Que les soleils nous seraient courts.

Ou bien, dans l’ode à Calliope :

C’est toi qui fais que j’aime les fontaines,
Tout esloigné du vulgaire ignorant,
Tirant mes pas sur les roches hautaines,
Après les tiens que je vais adorant,
Tu es ma liesse,
Tu es ma déesse,
Tu es mes souhaits,
Si rien je compose,
Si rien je dispose,
En moy tu le fais.

A la vérité, Malherbe est seulement à cette époque notre premier tourneur en vers. Il