Page:Barneville - Le Rythme dans la poésie française, 1898.djvu/50

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« Hé ! bonjour, Monsieur du Corbeau,
Que vous êtes joli ! Que vous me semblez beau !
Sans mentir, si votre ramage
Se rapporte à votre plumage… (etc.[1]).

Au surplus, par un artifice de ce genre ou par un autre, La Fontaine se tire toujours des pires situations. Le vers libre est traître, en effet. Que de fois il côtoie la prose ! Lorsqu’il se réduit à un très petit nombre de pieds et qu’il n’est pas bien encadré, souvent nous ne le saisissons plus. Pour mettre en valeur chacun de ses vers et ne pas sacrifier l’un à l’autre, il a fallu à La Fontaine une habileté prodigieuse. Elle nous échappe, voilée qu’elle est sous les grâces infinies et l’harmonie sereine de son style. La Fontaine ne se fit jamais gloire de ses secrets de métier ; il les dissimule le plus possible. Mais, à le lire atten-

  1. Voy. Souriau, p. 241.