Page:Barneville - Le Rythme dans la poésie française, 1898.djvu/78

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point le génie des enjambements imprévus. Sa cadence est molle souvent ; mais, entre ses vers, que de gammes et d’accords ! La trompette d’Hugo nous fait tressaillir jusqu’aux moelles. La harpe de Lamartine nous ravit en une céleste extase.

Comme chez Racine, la césure, chez lui, est souvent à peine sensible ; quelquefois même elle manque complètement, ou bien elle divise le vers de la façon la plus inégale ; il en résulte certains effets de sourdine, dont je ne trouve guère d’équivalent chez aucun autre poète de ce temps :

Souvent — sur la montagne — à l’ombre du vieux chêne,
Au coucher du soleil — tristement je m’assieds.

Je promène — au hasard — mes regards sur la plaine,
Dont le tableau changeant se déroule à mes pieds.