Page:Barneville - Le Rythme dans la poésie française, 1898.djvu/94

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tique qui n’ait dû son succès à une sorte de vague collaboration du public ? Il faut que la voix du poète fasse écho dans la multitude. Malheureusement, jamais foule ne fut lourde à remuer comme le peuple français d’aujourd’hui. Leconte de Lisle lui-même n’a pas réussi à secouer notre apathie. Je vois le peuple de plus en plus manifester pour la poésie son indifférence. Il y a plus de trente ans, Sainte-Beuve se plaignait déjà qu’on délaissât les poètes ; que dirait-il aujourd’hui ? Mais je me demande si les poètes ne se sont pas faits en ces derniers temps les propres instruments de leur discrédit ?

Les symbolistes — puisque l’on continue à désigner ainsi nos jeunes réformateurs[1] — se relient pourtant aux anciennes idoles du

  1. On est au surplus en train d’enterrer le Symbolisme. Voy. Souvenir sur le Mouvement symboliste en France, par Camille Mauclair (Nouvelle Revue, du 15 octobre 1897).