Page:Barrès – Dialogues Parisiens.djvu/10

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
12
Huit jours chez M. Renan

passâmes deux heures d’une fine intimité d’esprit. J’admirai Gautier. Je fus frappé du découragement de ce grand artiste. Quoi ! ses phrases éclatantes, la belle netteté de sa vision, lui laissaient le loisir d’être inquiet ! C’est que de courts poèmes, un conte parfait, ne nourrissaient pas assez régulièrement sa passion. Son enthousiasme avait des répits, des jours de diète ou de viande creuse de journaliste. Il lui fallait s’efforcer ensuite, comme un amant mal entraîné, et repartir sur de nouveaux frais. Pour moi, j’ai donné, chaque matin, à ma passion un dictionnaire et un lexique à dévorer. Le champ des études historiques où je vis est immense, et, s’il venait à nous manquer, j’entrevois les sciences naturelles, qui sont inépuisables.

« Madame Sand demanda à Gautier comment il m’avait trouvé :