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LEURS FIGURES

Reinach finit par avouer et sollicita une réconciliation. C’est alors qu’il livra la liste des chéquards, qu’il soutira du Panama pour Herz dix millions et qu’il demanda Mlle Herz pour son fils. Six mois après, Amiel, qui avait supporté les climats fiévreux, mourut à Paris de mort subite.

Si l’on veut avancer dans le mystère Reinach-Cornelius, entrevoir leurs prises l’un sur l’autre et comprendre à peu près cette solitude où ils règlent leurs intérêts, il faut savoir que ces étrangers ; haussés par le parlementarisme du plus profond néant à la plus effrénée grandeur, ne s’étaient pas satisfaits d’une suite de bénéfices et d’honneurs si monstrueuse et contraire à l’honnêteté publique et aux lois : ils se mêlaient de négocier la France même.

Cornelius avait acheté une propriété au général Menabrea, près d’Aix, où Crispi et Freycinet vinrent lui rendre visite. Il avait dans ses bureaux, à ses gages, le fils de Menabrea, ambassadeur d’Italie, et le fils de Marinovitch. C’est sous le ministère de Spuller qu’il fut le plus important aux Affaires étrangères. Il reçut de ce naïf Badois une mission pour amener un rapprochement entre l’Italie et le Quai d’Orsay, c’est-à dire pour ruiner la Triple-Alliance. Il avait soudoyé Crispi, et même ce ministre, au moment de sa chute, lui faisait donner le grand cordon des Saints Maurice et Lazare. Le décret avait été