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DES ÉCLAIRS DANS LES TÉNÈBRES

signé, mais, Crispi disparaissant, ne fut pas expédié.

Cavour, après avoir fait l’unité de son pays, déclara aux Chambres italiennes soixante-deux millions de « publicité à l’étranger », dont il refusa de préciser l’emploi. Combien de ces millions avaient servi à alimenter l’enthousiasme des partisans de l’unité de l’Italie en France ? — Bismarck déclara au Reichstag que tous ses efforts après Sadowa avaient visé à faire le silence en France sur l’armement de la Prusse et à nous inspirer une fausse sécurité. « Une fois le moment venu, ajoutait-il, je n’ai eu qu’à supprimer les subventions à certains journaux français ; ils sont redevenus du coup patriotes et, prêchant la guerre, m’ont aidé à la déchaîner. » Ces faits entre tant d’autres ont été relevés par M. Alfred Fouillée. — Plus récemment, méconnaît-on le rôle qu’a joué la cavalerie de Saint-Georges pour nous désintéresser de l’Égypte et pour surexciter l’affaire Dreyfus ?

Tout l’argent des étrangers ne leur servirait de rien, s’ils n’avaient dans la place des indicateurs, des Cornelius Herz et des Reinach, pour en diriger la distribution. Ces trafics sont d’autant plus aisés que le corrupteur, c’est l’enfance de l’art, épargne au corrompu la gêne de tout savoir et qu’un politicien aux abois trouve toujours des arguments patriotiques pour justifier dans sa