Page:Barrès - Colette Baudoche, 1913.djvu/59

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races de là-bas ont trahi leur désir et leur effroi :


Au Rhin, au Rhin, ne va pas au Rhin,
Mon fils, mon conseil est bon.
La vie t’y paraîtra trop douce,
Ton humeur y deviendra trop joyeuse.

Tu y verras des filles si vives et des hommes si assurés !
Comme s’ils étaient de race noble !
Ton âme, ardemment, y prendra goût,
Et il te semblera que ce soit juste et bien.

Et dans le fleuve la nymphe surgira des profondeurs,
Et quand tu auras vu son sourire,
Quand la Lorelei aura chanté pour toi de ses lèvres pâles,
Mon fils, tu seras perdu.

Le son t’ensorcellera, l’apparence te trompera,
Tu seras pris d’enchantement et de terreur,
Tu ne cesseras plus de chanter : au Rhin ! au Rhin !
Et tu ne retourneras plus chez les tiens.


Cette chanson exprime le rapport de ces jeunes Allemands avec cette vallée d’une manière plus profonde que M. Asmus ne