Page:Barrès - La Terre et les morts.djvu/25

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tes ; et toujours je leur marquerai de l’estime, car ils appartiennent à de grandes nations ; mais plus ils me parleront avec sincérité, en honnêtes gens, plus je devrai me méfier, car la vérité allemande et l’anglaise ne sont point la vérité française, et peuvent nous empoisonner. En vain, cet étranger, quand il se fit naturaliser, jura-t-il de penser et de vivre en Français ; en vain a-t-il lié ses intérêts aux nôtres, le sang s’obstine à suivre l’ordre de la nature contre les serments, contre les lois. Il est notre hôte, ce fils d’outre-Rhin, d’outre-mer, nous lui devons la sécurité et toutes les sympathies généreuses. Nous ne lui devons pas une place dans les pouvoirs du pays. Laissons-le d’abord prendre notre température et par des racines qui naîtront, se nourrir de notre terre et de nos morts. Les petits-fils, eux, seront des Français autrement que par une fiction légale. Il faut commencer par ne pas imposer à des étrangers de trop lourdes responsabilités pour ne pas être amené à leur infliger de trop durs châtiments. Des Français trop récents ont, dans ces dernières années, beaucoup troublé la conscience nationale. On épurerait celle-ci par une loi prudente sur les naturalisations.


Le terroir nous parle et collabore à notre conscience nationale, aussi bien que les morts. C’est même lui qui donne à leur action sa pleine efficacité. Les ancêtres ne nous transmettent intégralement l’héritage accu-