Page:Barrès - Le culte du moi : sous l’œil des barbares.djvu/31

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
23
EXAMEN

de son enfance, c’était tout ce que je pouvais toucher de la main, atteindre du regard et qui m’était bon à quelque chose : non-moi était tout ce qui pouvait nuire ou résister à moi. » Pour tout être passionné qu’emporte son jeune instinct, c’est bien avec cette simplicité que le monde se dessine. Proudhon, petit villageois qui se roulait dans les herbages de Bourgogne, ne jouissait pas plus du soleil et du bon air que nous n’avons joui de Balzac et de Fichte dans nos chambres étroites, ouvertes sur le grand Paris, nous autres jeunes bourgeois pâlis, affamés de tous les bonheurs. Appliquez à l’aspect spirituel des choses ce qu’il dit de l’ordre physique, vous avez l’état de Philippe dans Sous l’œil des Barbares. Les Barbares, voilà le non-moi, c’est-à-dire tout ce qui peut nuire ou résister au Moi.