Page:Barrès - Les Traits éternels de la France, 1916, Émile-Paul.djvu/23

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trompaient pas. Depuis quelques années, ils voyaient apparaître « une génération au clair regard, à la démarche assurée, au cœur sans crainte. » La destinée préparait à la France des sauveurs, « D’où sort la France du 2 août ? s’écrie un maître du lycée Janson-de-Sailly[1]. De quarante années courbées sous la menace de l’Allemagne. C’est une douleur, une longue humiliation qui explosent enfin en espérances. »


Voilà nos jeunes gens. Mais la guerre a réuni à l’armée toute la nation mâle de dix-huit à quarante-huit ans.

Évidemment, un quadragénaire ne part pas avec cette ivresse de bonheur que nous venons de voir chez nos saint-cyriens. Il n’éprouve plus « ce coupable amour du danger » que Tolstoï, causant avec Déroulède, sur le tard de sa vie, s’accusait d’avoir, lui aussi, connu dans sa jeunesse. C’est le refroidissement du

  1. M. S. Rocheblave.