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LES TRAITS ÉTERNELS DE LA FRANCE

photographie de sa mère : « Mourir est un honneur pour le soldat français. »

Ils ne veulent pas qu’on les pleure. Georges Morillot, normalien, sous-lieutenant au 27e d’infanterie, mort pour la France dans la forêt d’Apremont, le 11 décembre 1914, laissait une lettre à ses parents : « Si vous ouvrez cette lettre, c’est que je ne serai plus et que je serai mort de la plus belle mort. Ne me pleurez pas trop : ma fin est enviable entre toutes… Parlez de moi par moments comme d’un de ceux qui ont donné leur sang pour que la France vive, et qui sont morts joyeusement… Depuis ma première enfance, j’ai toujours rêvé de mourir pour mon pays, face à l’ennemi… Laissez-moi dormir où le hasard des batailles m’aura mis, à côté de ceux qui, comme moi, seront morts pour la France : j’y dormirai bien… Mes chers parents, heureux ceux qui sont morts pour la patrie ! Qu’importe la vie des individus, si la France est sauvée ! Mes bien-aimés, ne pleu-