Page:Barrucand - La vie véritable du citoyen Jean Rossignol.djvu/110

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classe d’ouvriers, et que, puisqu’il l’était lui-même, il ne pouvait faire autrement. Après cependant bien des instances, il reçut plusieurs coups de bâton, et il se détermina à crier : « Vive le Tiers-État ! » et il fut abandonné et contraint de se sauver chez lui ; heureusement que ce n’était pas loin, car il demeurait sur le quai Pelletier. Je rentrai à la maison de suite.

Le 13 au matin, je fus du côté de la rue Saint-Honoré. Là, je rencontrai une foule de citoyens qui marchaient ensemble armés de bâtons, épées, pistolets, fusils de chasse, qu’ils prenaient chez les fourbisseurs. Plusieurs d’entre eux me demandèrent si j’étais du Tiers-État, je leur répondis que oui, et ils ajoutèrent : « Eh bien, marche avec nous ! » Je leur fis observer que je ne pouvais agir, vu que je n’avais point d’armes. Ils me dirent qu’il y en avait chez un fourbisseur, rue Plâtrière ; j’y courus, mais toutes les armes étaient prises. — Je fus au Palais-Royal : là je vis des orateurs montés sur des tables, qui haranguaient les citoyens et qui réellement disaient des vérités que je commençais à apprécier. Leurs motions tendaient à détruire le régime de la tyrannie et appelaient aux armes pour chasser toutes les troupes qui étaient au Champ-de-Mars. Ces choses m’étaient