Page:Barrucand - La vie véritable du citoyen Jean Rossignol.djvu/149

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antichambres, parurent sur le balcon et se dégradèrent, c’est-à-dire qu’ils jetèrent leurs chapeaux, banderoles, ceinturons et sabres au peuple : c’était à qui en aurait. Plusieurs gardes furent tués qui s’étaient cachés dans des maisons.

Lafayette fit tout ce qui était en son pouvoir pour que le Roi restât à Versailles, mais le peuple ne voulait rien entendre et criait : « À Paris, le Boulanger, la Boulangère et le Petit Mitron ! » Ils ont entendu eux-mêmes ce propos. Enfin, il fut décidé que le Roi viendrait à Paris au milieu de la garde-nationale parisienne.

Le peuple remporta donc la victoire de cette journée malgré tout ce que purent faire Lafayette et les partisans de la royauté. Lafayette, on n’en peut douter, ne voulait pas aller à Versailles : il y fut forcé. Un grenadier lui avait tracé sur la place de Grève deux routes, à savoir, celle de la lanterne et celle de Versailles. Dans ces conditions, il préféra la dernière.

Je laisse à l’historien la démonstration de cette journée, et je ne me permettrai aucune réflexion. Je couche seulement sur le papier ce que j’ai vu.

Le Roi arriva à Paris au milieu de la garde nationale ; plusieurs gardes-du-corps désarmés le suivaient. Il s’en fut loger au château des Tuileries.