Page:Barrucand - La vie véritable du citoyen Jean Rossignol.djvu/184

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Je les fis conduire à cheval chez le général : le général les fit arrêter.

Au bout d’une demi-heure, un autre individu arrivait à mon avant-poste et, conduit devant moi, me disait que si je ne voulais pas être attaqué, il fallait couper un pont distant d’une lieue, que si le pont n’était pas coupé, je serais attaqué vers une heure du matin. Il faisait un temps superbe. Ma gendarmerie commençait à murmurer et me disait qu’elle ne voulait pas se laisser égorger dans un fond : telle était la position.

J’envoyai sur-le-champ une ordonnance au général, avec mes réflexions par écrit, et la permission que je lui demandais de marcher sur Chalonnes ou bien d’aller jusqu’au pont.

Il me fit réponse par l’ordonnance, mais verbalement, que j’avais peur et qu’il allait venir lui-même.

Sur les minuit, il vint en effet à Saint-Lambert, me fit monter à cheval et me dit de le suivre : je le suivis et le conduisis à mes avant-postes qui lui dirent : « Général, depuis deux heures un feu continuel se fait entendre sur notre droite. » En même temps deux coups de canon se firent entendre.

— Voici deux coups de canon, lui dis-je.

— Ce sont des portes que l’on ferme, me répondit-il.