Page:Barrucand - La vie véritable du citoyen Jean Rossignol.djvu/185

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Cela me mit en colère : — Il y a quelque différence entre la fermeture d’une porte et un coup de canon ; écoutez, prêtez l’oreille, et vous en reconnaîtrez vous-même la différence…

Il se courba dessus l’oreille de son cheval et bientôt il fut convaincu que ce n’était pas un bruit de porte. Je lui demandai si les troupes qu’il avait placées à Chalonnes avaient du canon ; il me dit que non.

— En conséquence, c’est l’ennemi qui attaque. Si vous le voulez, il fait beau temps, je vais marcher dessus, au moins je pourrai protéger la retraite.

— C’est inutile, il y a là-bas un bon bataillon de huit cents hommes. Il me dit encore : « Dans une heure d’ici vous ferez allumer de grands feux et vous ferez battre la générale ; vous vous reploierez sur les hauteurs de Beaulieu… » Je fus obligé d’exécuter l’ordre.

Arrivé à cette hauteur je pris position, et vers une heure et demie du matin, je vis revenir des soldats harassés de fatigue ; je les questionnai et j’appris d’eux que les trois quarts de leurs bataillons avaient été hachés par les Brigands, et que depuis neuf heures du soir ils se battaient. N’ayant plus de munitions, ils avaient été obligés d’abandonner la position. Ils disaient que si des secours