Page:Barrucand - La vie véritable du citoyen Jean Rossignol.djvu/191

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

deux remarquables et bien avantageuses à la République. J’étais très content de lui : outre qu’il leur tua beaucoup d’hommes, il avait encore soin de ramener avec lui beaucoup de subsistances, surtout des bœufs en quantité. Nous eûmes dans ces deux sorties douze républicains de tués, entre autres le père d’un petit tambour qui était de ma gendarmerie et dont la Convention fit mention honorable.

Cet enfant battait la charge ; son père, en tirailleur devant lui, fut tué ; il l’embrassa, lui prit son portefeuille et ses pistolets de poche et continua à battre la charge comme auparavant, jusqu’à ce que l’ennemi fût en pleine déroute.

Comme je n’avais pas fait de sortie — le général m’ordonnait de rester — j’avais soin de me trouver sur le passage de la troupe et je leur faisais boire à tous une larme d’eau-de-vie, car ces sorties étaient des marches de douze et quinze heures.

J’allais tous les jours de Vrine, où j’étais cantonné, à Thouars. Je demandai de quelle manière et comment l’ennemi l’avait pris. Tous ceux à qui j’en ai parlé m’ont assuré que la ville avait été livrée par le général Quétineau, qui était du pays[1]. Plusieurs m’assurèrent qu’ils l’avaient vu

  1. Lescure commandait du côté des Herbiers. La Rochejacquelein