Page:Barrucand - La vie véritable du citoyen Jean Rossignol.djvu/201

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


    sait, à Nantes même qui, à la fin du mois de juin, a donné des preuves si éclatantes de courage, des symptômes de fédéralisme commençaient à se manifester ; mais l’erreur ne fut pas de longue durée.

    « Notre position et celle de la République entière n’était pas brillante ; mais le génie de la liberté est sorti triomphant de cette crise, et nos ennemis ont dû se convaincre qu’il ne fallait que du courage pour surmonter tous les obstacles.

    « L’armée vendéenne, après être restée environ dix jours dans Saumur, fit rentrer une partie de ses forces dans l’intérieur pour tenir tête aux troupes de la République qui y occupaient encore quelques points ; le gros de l’armée se dirigea sur Angers où elle savait ne pas devoir éprouver de résistance. Notre armée, entièrement réorganisée à Tours, n’attendait que les ordres de Biron, — ils n’arrivèrent pas. Cependant l’ennemi n’avait laissé à Saumur que peu de forces ; il était urgent de ne pas lui donner le temps de les renforcer ; nous prîmes sous notre responsabilité de donner ordre de marcher sur cette ville, après toutefois avoir donné avis de notre marche au général en chef, en le prévenant que l’armée y attendait ses ordres.

    « Le 25 juin, nous rentrâmes dans Saumur, après en avoir chassé le peu de troupes que l’ennemi y avait laissées ; quelques jours après nous marchâmes sur Angers que l’armée Vendéenne avait évacué pour se porter sur Nantes. Nous nous fîmes rendre compte en arrivant à Angers de la conduite des administrateurs du département et après nous être convaincus de leur forfaiture nous les destituâmes. Cette destitution ne fut pas seulement motivée sur l’ordre qu’ils avaient donné de marcher sur Laval, mais encore et principalement sur l’arrêté qu’ils avaient pris pour faire imprimer et distribuer à profusion la protestation de quatre députés. La Révellière-Lépeaux, Le Maignan, Pilastre et Leclerc, contre les événements du 31 mai et des premiers jours de juin ; cet arrêté était un double délit, d’abord parce qu’il était en lui-même une protestation contre les décrets de la Convention nationale, mais aussi en ce qu’ils osaient dire que cette République ne serait que ridicule si elle n’était atroce. Il était impossible de laisser en place des administrateurs qui, dans ces moments de crise, tenaient un pareil langage à leurs administrés.

    « Cette destitution me fit dans le temps autant d’ennemis qu’ils avaient de partisans dans le département, et ils en avaient beaucoup, parce que jusque-là ils avaient constamment montré quelque