Page:Barrucand - La vie véritable du citoyen Jean Rossignol.djvu/205

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chemin et qu’ils ne pouvaient être éloignés de nous que d’une demi-lieue. Le général commanda à des ordonnances de les aller chercher ; mais aucun ne voulut y aller. J’y fus avec le guide qui venait d’arriver et le général me promit de m’attendre. Je traversai la plaine et j’aperçus l’artillerie. Il ne faisait pas encore jour. Les canonniers me crièrent dessus : « Qui vive ? » Je leur répondis : Républicain ! — mais ils ripostèrent par une décharge de trois ou quatre coups de fusil. Mon guide piqua des deux et foutit le camp comme si le diable de ses pères courait après lui. J’étais bien embarrassé. Je fis retraite hors de la portée des coups de fusil, et comme j’entendais la troupe en marche qui continuait de suivre la grande route, je criai : Qui vive ! à mon tour. Tous s’arrêtèrent. Je recommençai une seconde fois ; ils me répondirent. Je leur dis : Le général le Rat est par ici (c’était le sobriquet que la colonne avait donné au général Salomon) ; vous n’êtes pas dans la bonne route. — Un d’entre eux reconnut ma voix ; je m’approchai et je leur fis traverser la plaine. Nous rejoignîmes le général à la pointe du jour : il fut très charmé d’avoir son artillerie avec lui, moins une pièce qui avait été enclouée par le lieutenant des canonniers de la 35e division