Page:Barrucand - La vie véritable du citoyen Jean Rossignol.djvu/234

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fait le coup de feu. Après avoir expédié les ordres nécessaires, je me rendis sur la place d’Armes, et au centre du bataillon, je vis les bourgeois de la ville en robe de chambre et bonnet de nuit. Un d’entre eux disait aux soldats que toute résistance était inutile, car nous n’étions pas en état d’empêcher les Brigands de prendre la ville, et il déconcertait par un pareil langage les troupes républicaines ; je le fis arrêter et conduire en prison ; puis je dis aux autres citoyens, devant leur refus de défendre leurs foyers et puisqu’ils tendaient eux-mêmes les bras à l’ennemi, que j’allais me retirer dans le faubourg et battre la ville à boulets rouges, quand les Brigands y seraient entrés. Beaucoup de citoyens voyant ma résolution vinrent se ranger sous le drapeau républicain. Je les mis à droite et à gauche le long de la rive, en seconde ligne. Je sortis alors avec quatre bataillons et j’arrivai assez à temps pour soutenir mon escadron aux prises avec l’avant-garde des Brigands. Je déployai mes troupes et le feu fut si bien soutenu, pendant une bonne heure, que nous avions sur eux un avantage marqué ; cependant j’ordonnai la retraite jusqu’au pont afin de les attirer dans le piège que je leur avais tendu, mais ils étaient si bien avertis qu’ils ne vinrent pas s’y frotter. Aban-