Page:Barrucand - La vie véritable du citoyen Jean Rossignol.djvu/241

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deux autres et je lui fis observer que ce serait dégarnir beaucoup la ligne qui était établie. — Vous voulez laisser prendre Nantes, me dit-il. — J’insistai pour lui démontrer qu’avec peu de troupes de ligne et les citoyens de Nantes il avait pu résister fortement à l’attaque faite par les Brigands, et les avait battus, que cette ville avait été depuis renforcée de trois bataillons, et que celui qui était en route faisait quatre… Après bien des propos inutiles, il s’en fut en colère, et sans tarder il fit paraître une brochure contre moi qui ne tendait qu’à jeter un louche terrible sur ma conduite. Je fis part de mes inquiétudes aux représentants Richard, Choudieu et Bourbotte, qui prouvèrent à Philippeaux combien sa diatribe était inconséquente. Un soir je rencontrai celui-ci et je lui montrai son imprimé : notre entretien fut chaud. Je lui dis : Laissez arriver l’armée de Mayence, je vous promets de vous faire passer les forces que vous jugerez à propos, mais pour le présent ce serait dégarnir une ligne pour en garnir une autre, ce serait par conséquent une opération militaire critiquable avec raison[1].

  1. C’était sans doute beaucoup (dans ces circonstances) que de remplacer un grand seigneur comme Biron par un plébéien obscur comme Rossignol. Brave à l’excès, franc et loyal, celui-ci avait toutes les qualités qui constituent un républicain ; mais il lui man-