Page:Barrucand - La vie véritable du citoyen Jean Rossignol.djvu/349

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

que, sous réserves, nous tenions compte de tous les témoignages intéressant le rôle de Rossignol dans cette affaire. La déposition de Grisel est de toutes la plus riche en détails : lui seul était intéressé à parler.

Après l’amnistie du 4 brumaire, Rossignol n’était point en situation brillante. Il avait dû, pour vivre, engager ses effets et ses armes, et Germain, le fervent ami de Babeuf, parle ainsi de lui dans sa défense :

« Ce brave républicain, autrefois orfèvre, est venu chez moi prier un de mes amis de lui procurer une place dans une boutique, pour reprendre son ancien métier. Quel désintéressement de la part de ce général qui a servi la République avec tant d’éclat ! Quel spectacle de le voir réduit à demander du travail ! »

Grisel raconte la première entrevue qu’il eut avec Babeuf et les membres du comité insurrecteur, le 11 floréal :

« D’abord ce fut Darthé qui prit la parole ; il me dit ; « Mon cher ami, tu es invité ici. » On s’assied. J’entre en conversation avec le citoyen Babeuf, que je n’avais jamais vu de ma vie. Quand je vis cet individu, qui n’était pas plus gros que moi, quand je vis ce Solon, je me dis : C’est donc là cet