Page:Barrucand - La vie véritable du citoyen Jean Rossignol.djvu/350

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homme qui veut jouer le rôle de Cromwell ! En vérité, j’eus envie de rire. Bientôt le citoyen Babeuf, par espèce de préliminaire, entra dans de grands détails ; il parla de la misère du peuple qui paraissait l’affecter vivement. Je dis : effectivement le peuple souffre ; c’est peut-être des circonstances plus qu’autre chose. — Oh ! dit-il, les circonstances !…

« Babeuf, pour me sonder, me demanda ce que je croyais utile de faire. J’avais lu une partie de ses numéros[1] où j’avais vu, en conscience, bien plus d’extravagance qu’autre chose… Plusieurs expériences de ma vie m’ont prouvé que j’avais quelque ascendant sur les esprits : je me suis quelquefois trouvé à même de calmer les séditions et de ramener les têtes au sens commun. Je pensai : Il faut faire cette cure.

« Je dis à Babeuf : Ma foi, voilà ce que je crois, moi ; ce serait de faire une pétition pure et simple. — Au mois de floréal de l’an passé, c’était le dernier instant du discrédit des assignats. Les classes riches avaient adroitement reversé les assignats dans les mains de la classe ouvrière ; le pain valait de 60 à 80 fr. la livre ; les travaux n’allaient pas ; le peuple était dans un état d’exas-

  1. Le Tribun du peuple.