Page:Barrucand - La vie véritable du citoyen Jean Rossignol.djvu/385

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

nous fit sortir de Paris au nombre de soixante-onze, en deux convois sous une très faible escorte ; on nous fit traverser la France dans une de ses plus grandes longueurs et passer par tous les départements qu’avaient occupés les Chouans et les Vendéens, dans l’intention que nous fussions égorgés. Des porteurs de cadenettes et de ganses blanches couraient devant nous à cheval pour animer la multitude, et la porter à nous massacrer. Il faut pourtant convenir que, dans plusieurs communes, les magistrats et les citoyens nous firent connaître qu’ils étaient convaincus de notre innocence et que nous emportions leur estime et leurs regrets[1].

Déposés sur la Cayenne, à Nantes, nous y reçûmes des lettres de nos amis et même de l’autorité supérieure qui nous causèrent une vive joie

    du premier Consul, j’ai donné l’ordre de conduire à Nantes les personnes dont la déportation est ordonnée par le sénatus-consulte du 14 de ce mois ; elles devront être détenues dans le château de cette ville, jusqu’à leur embarquement par une disposition particulière du premier Consul.

    Signé : FOUCHÉ

  1. Le préfet de Nantes au ministre de la Police :
    Nantes, le 12 pluviôse an IX.

    …Le peuple s’est porté en foule sur le passage des voitures, mais il a observé le plus grand silence, et dans cette occasion on a eu pour eux tous les égards dus au malheur. Ils sont en ce moment à la disposition de la Marine…