Page:Barrucand - La vie véritable du citoyen Jean Rossignol.djvu/389

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Tout allait bien, mais un nommé Malavois, ancien ingénieur des ponts et chaussées, se rendit dès le 13 juillet à l’établissement et reprocha aux habitants l’arrêté juste et bienfaisant qu’ils avaient pris la veille : « Qu’avez-vous fait, leur dit-il. Vous avez violé notre capitulation avec les Anglais[1] en consentant à recevoir ces gens-là, et vous vous exposez à leur juste vengeance. Les hommes que le gouvernement français vous envoie

  1. Extrait d’une lettre du général Magallon, commandant en chef à l’Ile-de-France, datée du 3 vendémiaire an X et adressée au général Bonaparte, premier consul :

    « J’aurai aussi, général, quelque chose à vous dire sur la situation politique et territoriale des îles Seychelles qui ont été choisies pour y jeter les déportés. J’ignore si le gouvernement est instruit que ces îles ont capitulé le 17 mai 1794, et quoiqu’à le bien prendre elles appartiendront dans l’état où elles sont au premier occupant, elles n’en sont pas moins en ce moment sous la domination anglaise, de sorte que les déportés, en y mettant le pied, sont libres par le fait, et peuvent se réclamer de la protection de l’Angleterre. »

    Dans son rapport au ministre, le général Magallon ajoute :

    « Si les Seychelles ont conservé quelques relations avec le gouvernement, c’est moins comme faisant partie du territoire de la République que comme habitées par des Français qui y ont été maintenus dans leurs propriétés ; d’après cela il pourrait arriver que l’agent des Seychelles, quoique français, se trouvât très embarrassé de recevoir les déportés que vous lui avez adressés puisqu’il est vrai de dire qu’en mettant le pied sur ce territoire ces déportés sont libres sur-le-champ de se réclamer de la protection anglaise et de sortir du lieu de leur exil. »

    (Correspondance générale de l’Île-de-France, 1801. Arch. des Colonies.)