Page:Barrucand - La vie véritable du citoyen Jean Rossignol.djvu/393

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du Victor, qui coula la Flèche, Alexander, commandant le Brave, nous virent à Mahé ; ils parurent s’intéresser à nous, déplorer notre sort ; ils offrirent à plusieurs de les emmener dans l’Inde, mais nous leur répondîmes tous que, soumis aux ordres de notre gouvernement nous resterions dans l’endroit où il nous avait placés, si mal que nous y fussions. Ils nous offrirent des secours pécuniaires que nous refusâmes ; les plus misérables d’entre nous eussent rougi d’accepter le plus léger bienfait des ennemis de notre patrie.

Tout était calme. Nul de nous n’approchait des habitations de ceux qui ne nous appelaient pas chez eux. Nul habitant ne pouvait se plaindre qu’il lui eût manqué un fétu. Mais un événement bien simple en lui-même survint, qui causa la plus grande joie au féroce Malavois et à ses dupes.

Un de nos compagnons, le citoyen Magnan, s’étant trouvé un dimanche sur l’habitation d’une négresse libre nommée Vola Maelfa, où il était allé voir un autre camarade, le citoyen Laurent Derville, ancien capitaine de cavalerie, qui y était logé, il vit danser les noirs de cette propriétaire, et, comme il était très facétieux de son naturel, à son retour de l’établissement, Magnan contrefit si grotesquement les figures et les pas de la danse