Page:Barrucand - La vie véritable du citoyen Jean Rossignol.djvu/78

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étaient armées d’échalas sur quoi l’on attache les cordes pour étendre le linge. Comme il aperçut mes amis qui étaient armés, il me dit qu’il ne voulait pas qu’ils approchassent. Je lui fis réponse que si ces gens-là, en montrant les gens du pays, n’approchaient pas, que les miens n’approcheraient pas non plus. Il se tourna vis-à-vis de ses connaissances et leur défendit de se mêler de sa querelle. Il me fit encore observer qu’il y avait défense faite de se battre dans le Bois de Boulogne, qu’il fallait rentrer dans le pays et que derrière des murs nous nous battrions. Je lui dis que je ferais deux, trois lieues, s’il le voulait, mais que pour rentrer dans son pays, je n’y rentrerais pas, vu l’affluence des spectateurs. Enfin, il se décida à se déshabiller, et nous mîmes l’épée à la main.

Je reçus un coup fort léger au ventre, ce qui ne m’empêcha pas de continuer et, après une minute, je lui perçai le bras jusque sous l’aisselle. Le sang commençait à couler. Je lui dis qu’il était blessé. « Tire toujours ! » cria-t-il, et il courut sur moi. Je lui pris un coup d’arrêt et lui frappai le second sur l’estomac : il tomba par terre ; alors les paysans qui étaient présents le ramassèrent et l’emportèrent chez lui.