Page:Barrucand - La vie véritable du citoyen Jean Rossignol.djvu/82

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

avaient été pris, furent échangés et vinrent former un dépôt à Morlaix, en attendant un second embarquement. J’étais rétabli de ma maladie et je fus rejoindre le dépôt, à Morlaix.

Alors, il y avait déjà des trahisons et voyez la conséquence qui s’en tire selon mon jugement :

Les soldats embarqués sur le navire appelé l’Actionnaire nous ont rapporté qu’étant sur le bord, le vaisseau anglais qui les somma de se rendre leur dit avec un porte-voix : « Vous êtes l’Actionnaire, rendez-vous, vous avez sept millions à bord, ou bien nous vous allons couler à fond… »

L’Actionnaire se rendit.

À la vérité, les sept millions s’y trouvèrent : ils étaient à fond de cale. Plusieurs soldats de Roussillon et plusieurs d’Aquitaine descendirent à la cale et, avec une hache, brisèrent une caisse et emplirent leurs sacs ; les officiers des deux corps jetèrent leurs effets pour remplir leurs malles d’argent. Les officiers n’étant point fouillés par l’ennemi arrivèrent en Angleterre avec tout leur argent : aussi les ai-je vus après leur échange briller comme des lords… Les soldats ne furent pas si heureux, car ils furent déshabillés et fouil-