Page:Barrucand - La vie véritable du citoyen Jean Rossignol.djvu/85

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placer derrière la porte d’entrée. Je me trouvais le premier et c’est moi qui fus embroché. Je sentis quelque chose de chaud qui m’était entré dans l’estomac : aussitôt, je me retourne sur le carré et je crie : Je suis blessé ! — Ce fut en ce moment que nous tirâmes nos sabres et que nous entrâmes tous trois le sabre nu à la main. Je courus sur celui qui avait la broche ; je parai de la main un second coup qu’il me portait et, d’un coup de sabre, je lui coupai le bras. Le coup ne fut pas plus tôt donné que je tombai par terre, moi d’un côté, et mon adversaire de l’autre. Quant à mes deux amis, ils furent assiégés aussi par d’autres matelots, mais ils eurent le bonheur de n’être pas blessés dangereusement, et ils en blessèrent trois, dont un eut le mollet coupé, un autre un coup à la cuisse, et le troisième au flanc, de sorte que nous nous sommes trouvés sept par terre : c’était une véritable boucherie ; le sang coulait dans la chambre de tous côtés.

La garde vint : une descente de justice se fit dans toutes les formes et l’on enleva les blessés. Pour moi, qui avais perdu connaissance, je fus mis sur un brancard et porté à l’hôpital des Dames. Je fus dix-huit jours dans le transport. Ce n’est qu’après six mois de traitement que je pus marcher avec des