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CHANTS DES NOCES.


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ARGUMENT.


C’est, en général, un tailleur qui est le bazvalan, ou messager d’amour du jeune homme, près des parents de la jeune fille ; il a souvent pour caducée, dans l’exercice de ses fonctions, une branche de genêt fleuri, symbole d’amour et d’union ; de là vient le nom qu’on lui donne[1]. Tout bazvalan doit allier à une grande éloquence un fonds de bonne humeur et d’inépuisable gaieté. Il doit savoir l’histoire de la famille de son client de manière à être à même de citer, au besoin, quelques traits honorables. Il doit pouvoir dire combien ses étables contiennent de chevaux, ses pâturages de bêtes à cornes, ses greniers et ses granges de boisseaux de blé ; il doit savoir l’art de mettre en relief ses moindres avantages personnels, et avoir des réponses toutes prêtes à opposer aux objections qu’on pourra lui faire. Il possédait chez les anciens Bretons un caractère si respectable, qu’il passait sans danger d’un camp dans un autre au moyen de sa baguette fleurie ; la science de mener à bien une ambassade d’amour était même alors tellement préciée, qu’on la regardait comme indispensable à un jeune homme bien élevé[2].

Lorsque le bazvalan se présente quelque part, et qu’il souhaite le bonjour du seuil de la porte, si on tarde à le faire entrer, si les tisons se trouvent debout dans la cheminée lorsqu’il entre, ou si la maîtresse du logis, prenant avec lenteur une crêpe, l’approche du feu du bout des doigts en lui tournant le dos, c’est

  1. Baz, baguette, valan, de genêt.
  2. Cambrian register, t. III, p. 59.