Page:Barzaz Breiz 4e edition 1846 vol 2.djvu/306

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d’un mauvais augure, et il n’a qu’a s’en revenir. Il doit également retourner sur ses pas s’il rencontre en chemin une pie ou un corbeau. Mais si quelque tourterelle a roucoulé dans le taillis, à son passage ; si, lorsqu’il arrive, avant qu’il ait fini de parler, on lui crie joyeusement : Entrez ! si chacun lui fait fête ; si l’on s’empresse de couvrir, en son honneur, la table de la nappe blanche des grands jours, tout va bien.

Après s’être assis un moment, il adresse à voix basse quelques paroles à la mère, qui sort pour délibérer avec lui, puis elle revient exposer les choses à sa fille déjà prévenue, et l’accord est fait.

Dans un mois auront lieu les noces ; en attendant, les marchands ne cessent de vendre aux prétendus, les tailleurs de coudre dans les granges, les menuisiers de raboter dans l’aire, les laveuses de blanchir le linge, les servantes de cirer les lits, les tables, les armoires, et de fourbir les vases de cuivre, de manière à les faire briller comme de l’or.

Quand les garçons et filles d’honneur sont choisis, on se rend chez le recteur, un samedi au soir ; les fiançailles ont lieu, puis le souper d’usage, et le lendemain, a la grand’messe, les publications, suivies bientôt des invitations aux noces, qui se font en vers. Cet office appartient encore au bazvalan. Accompagné d’un des plus proches parents du futur, il fait le tour du pays, ayant toujours soin d’arriver, dans les bonnes maisons, au moment où l’on se met à table. Pour annoncer sa présence, il frappe trois coups a la porte, et entonne le salut ordinaire : « Bonheur et joie en ce logis ; voici le messager des noces. » Lorsqu’il a été introduit, il explique le motif de sa visite, indique les noms des prétendus, le lieu et le jour de la fête, et prend place à table.

Le jour marqué, au lever du soleil, la cour de la fiancée se remplit d’une foule joyeuse à cheval, qui vient la chercher pour la conduire a l’église. Le fiancé est à leur tête, le garçon d’honneur à ses côtés. A un signal convenu, son bazvalan descend de cheval, monte les degrés du perron, et déclame à la porte de la future, sur un thème invariable, mais arbitrairement modulé, un chant improvisé, auquel doit répondre un autre chanteur de la maison, qui fait près de la jeune fille, comme le bazvalan près du jeune homme, l’office de tuteur poétique, et que l’on nomme breutaer. L’un et l’autre ont droit, pour présent de noces, a une ceinture de laine rouge et à une paire de bas blancs marqués d’un coin jaune.