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JOURNAL

ges et des événements qui font croire à une Providence. Quant à nos prières, à nos religions, à nos conversations avec Dieu…, je suis payée pour les croire inutiles. Se

sentir une intelligence, des forces à remuer. le ciel et la terre, et n’être rien ! Je ne crie pas, mais tous ces tourments s’écrivent sur mon visage. On croit que cela ne fait rien lorsqu’on se tait, mais ces choseslà reviennent toujours à la surface. Samedi 15 novembre.

J’admire Zola, mais il y a des choses que tout le monde dit et que je ne puis me décider à dire, ni même à écrire. Pourtant, pour que vous ne pensiez pas que ce sont des horreurs, je vous dirai

la plus forte est le mot purgé ; je suis fâchée que

de placer un tel mot ici ; je n’hésite pas à dire ni canaille, ni d’autres choses de ce genre ; mais quant à ces petites saletés innocentes, elles me dégoûtent. Mercredi 19 novembre. soir et, outre qu’il me donne des conseils, nous passons une bonne soirée ensemble autour du samovar et dans Robert-Fleury vient ce mon atelier, d’autant plus qu’il m’explique très bien ce qu’il faut faire pour les lampes. Tony n’est ni payé ni intéressé ; en plus, c’est un homme sérieux, il a répété ce soir ce qu’il avait dit à Mme Breslau : que de tout l’atelier, il n’y a que sa fille et moi qui avons des dispositions exceptionnelles. Toutes les autres, rien. Il les passe en revue, et cela m’amuse de voir ainsi traiter tous ces orgueils.

De moi ; il ne dit du bien que lorsque je sors de la chambre. Seulement il insiste beaucoup pour que je continue, ajoutant qu’il est certain que j’arriverai à un résultat ; que, pourun amateur, j’ai déjà du talent, mais