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journal de ma vie.

la pluspart de l’armée estoit envoyée en ses garnisons, et que les trouppes d’Asie s’embarquoint sur le Danube pour s’en retourner. Ce qu’ayant sceu aussy par divers espions hongrois quy estoint en la ditte armée des Turcs, il fit repasser l’armée le 15e de novembre en l’isle de Vats, ou il sejourna le lendemain pour licencier ou mettre en diverses garnisons une grande partie de l’armée. Il envoya le colonel Gaisperguer avec son regiment de lantsquenets de quinse cens hommes a Pest, quy est vis a vis de Bude ; et parce qu’ils faisoint difficulté d’y entrer s’ils n’avoint un prest[1], attendant leurs montres, le general me pria de prester deux mille ducats pour leur donner, m’asseurant de me les faire rendre dans peu de jours : ce qu’il fit sachant que je ne manquois pas d’argent, leur ayant gaigné a la prime, depuis que j’estois arrivé a l’armée, plus de huit mille ducats.

Mr  le prince de Jainville, Mr  le landgraf de Hessen, monsieur le reingraf, Schomberg, et les volontaires italiens s’en retournerent de Vats, et moy je suyvis l’armée volante de trois mille chevaux et de huit mille hommes de pied que le general retint, avesques laquelle il partit le 17e de l’isle, et vint camper a quattre lieues loing de la riviere, et le lendemain il vint assieger la ville de Hatwan quy ne tint que trois jours, puis se rendit ; il y mit le regiment de Roemer, de quinse cens hommes, en garnison, et vint loger a trois lieues de la : puis le lendemain il vint camper devant Strigonie,

  1. Avance de cinq jours en attendant le paiement de la solde qui se faisait à la montre ou revue.