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1604. janvier.

disant qu’il connoissoit ma race, quy avoit toujours fidellement servy leur royale mayson ; qu’il avoit eu bonne information de moy en cette derniere guerre d’Hongrie ; et que, sy je pretendois a quelque charge, qu’il seroit bien ayse de m’en gratifier. Il me parla en espagnol, et voulut que je luy respondisse aussy.

Fevrier. — Peu de jours apres m’arriva la nouvelle de la mort du baron de Siray, tué par monsieur le reingraf mon cousin : ce quy m’obligea de parler aux principaux du conseil en faveur du reingraf, et pour l’excuser, et en fin de demander sur ce sujet audience a l’empereur, quy me fut promptement accordée, et me respondit favorablement, et en suitte me fit dire par le comte de Furstemberg[1] qu’il avoit refformé les six compagnies de cavalerie du reingraf a trois, et les quattre de carabins du Rosworm a deux ; et que, sy je voulois lever encores trois nouvelles compagnies de cavalerie, et deux de carabins, que l’empereur me retiendroit a son service en qualité de colonel de mille chevaux ; ce que j’acceptay, voyant la longue paix de France, et convié aussy par l’amour extreme que je portois a madame Ester. Les trois compagnies de chevaux-legers furent données à Champgaillart, vieux soldat françois ; a don Baltasar Marrada, Espagnol ; et a Jean Paul, Italien ; quy les avoint desja commandées sous le reingraf, et quy les renforcerent du desbris des autres. Pour les deux compagnies de carabins, le capitaine la Ramée en eut une, et le capitaine Mer-

  1. Christophe, comte de Furstenberg, fils d’Albert, comte de Furstenberg, et d’Isabelle de Pernstein, né en 1583, mort le 2 janvier 1614.